ARTICLE | La culture de la carotte

ARTICLE | La culture de la carotte



La carotte est un légume qui semble, aux premiers abords, bien commun. En effet, la carotte est connue et consommée par l’Homme depuis des millénaires. Dans l’antiquité, on lui reconnait déjà des vertus thérapeutiques liées à l’acuité visuelle essentiellement. Au Moyen-Age en Europe, elle est encore très présente dans l’alimentation car peu coûteuse. Au 13ème siècle, on la retrouve même dans un recueil culinaire présentée comme une plante aromatique (la carotte étant alors considérée comme une épice).

 

Les variétés cultivées varient beaucoup avec le temps et les modes. Blanche à l’antiquité puis mauve ou jaune et enfin l’orange dont on a l’habitude et qui est le fruit d’une sélection génétique qui sera opérée au 16ème siècle par des Hollandais en hommage à la Maison d’Orange (une principauté protestante française) et qui est alors appelée « Longue Orange ». Le terme « Carotte » apparait lui aussi au 16ème siècle dans la langue française. La popularité de cet étrange légume-racine ne cessera de croître depuis lors. Aujourd’hui, 1 légume acheté sur 5 est une carotte.

 



Sex Rebus, Tacuinum sanitatis, XVe siècle





 


Seulement, si l’agriculture conventionnelle n’a aucun problème pour produire ce légume, il n'en va pas forcément de même en agriculture biologique. 
D’après Philippe (du Jardin de l’Olivette), notre principal fournisseur de carotte en ce moment, « chaque année est une nouvelle remise en question ... ».
Les premiers moments sont déjà primordiaux pour réussir sa culture que lui ne fait qu’en « été, pour faire de la carotte d'automne et d'hiver ».



« Le semis a lieu [en] 1ère quinzaine de juin, la germination et la levée sont les phases les plus délicates.
Elles supposent de maîtriser l’irrigation ».



La carotte, dont nous mangeons principalement la racine, n’aime pas tous les sols. Elle se préfère dans les sols meubles, sableux et si elle bénéficiera qualitativement d’un sol un peu argileux, celui-ci ne rendra que plus difficile la récolte. Sensible au choc hydrique, elle aura besoin d’une terre suffisamment humide pour germer et ensuite croitre mais trop d’humidité amènera pourrissement des graines et/ou la maladie.
Idéalement, il faut donc ne pas dépendre de l’arrosage manuel et posséder un système d’irrigation fiable (ce qui n’est pas forcément le cas de tous nos maraîchers). La carotte n’est pas très exigeante en azote et un excès de celui-ci est même néfaste au rendement mais aussi à la qualité du légume et sa conservation.


Si jusqu’à présent tout s’est bien passé, il faut maintenant penser à désherber. On annonce entre 120 et plus de 900h par hectare selon l’équipement. On peut utiliser des techniques particulières pour limiter l’arrachage manuel (très énergivore) tel que le « faux semis ». Pour ce faire, on va préparer une parcelle comme si l’on voulait y semer ses légumes mais sans rien semer. On attend ensuite la levée des adventices qu’on pourra aisément détruire mécaniquement ou tout du moins sans avoir à se soucier d’endommager les légumes que l’on voudrait garder. On pourra ensuite procéder au semis. La parcelle sera libérée d’une partie de ses « mauvaises herbes » et son désherbage n’en sera que plus simple.



 

« La culture va nécessiter un temps de travail important pour le désherbage manuel sur le mois de juillet.
Si on n’a pas de temps disponible à cette période il vaut mieux renoncer.
En plus du désherbage à la main, on utilise un désherbeur thermique en pré levée et sur l'inter-rang,
des binettes, des houes maraîchères, un motoculteur mono-roue.
Depuis quelques années la principale herbe envahissante est le pourpier qu'il faut éliminer le plus tôt possible ».



 

Parfois attaquée par les maladies et les ravageurs, elle est assez sujette aux différentes attaques et à tous les stades de sa croissance. Le plus célèbre de ces prédateurs est la Mouche de la carotte qui attaque en essaim.
Ensuite, à la ferme de Philippe, on commence la récolte début Septembre « d’abord en botte puis, à partir du début Octobre, commence l’arrachage systématique avec le tracteur équipé d’une lame souleveuse ». Il précise que laisser les carottes en plein champ les expose aux attaques de « ver de la carotte », prévalent à partir de Février. La récolte est stockée en chambre froide, aux alentours de 4°.



Pour Noa Bouëtel, il en est tout autrement. Elle nous confie que son semis d’été n’a pas du tout fonctionné du fait d’un arrosage pas assez régulier. Au contraire, « c'est toujours les semis de février-mars qui ont le mieux marché car souvent [la] pluie [est] régulière jusqu'au printemps et la fameuse mouche de la carotte n'est pas encore arrivée ». Noa utilise un semoir avec un disque spécialement conçu pour la carotte afin de répartir les graines de manière homogène dans des sillons « remplis de compost maison mélangé avec du terreau ».




 


Chaque producteur rencontre des difficultés qui lui son propre. Les qualités du sol, la température de la terre, l’irrigation… ce n’est pas une culture qui se prend à la légère.  Merci à Philippe du jardin de l’Olivette et à Noa d’avoir partagé leur savoir-faire et bien sûr à tous les producteurs qui se donnent bien du mal pour pouvoir nous fournir en légumes toute l’année !

 

Les carottes de Philippe sont
disponibles dans notre catalogue